En plusieurs occasions, dans un passé récent, la municipalité a invité la population à partager un moment de respect aux victimes d’attentats ou d’assassinats à portée terroriste.
Après le massacre de Charlie Hebdo, après les mitrailles des terrasses de Paris et du Bataclan, la tuerie de l’hyper casher, l’attentat de la Promenade des Anglais à Nice, la prise d’otages du Super U de Trèbes (et le sacrifice d’Arnaud Beltrame), les attaques au couteau sur des enfants dans le parc d’Annecy (pourtant non qualifiées de « terrorisme »)…
Après le meurtre de Samuel Paty, il y a trois ans, un autre enseignant, Dominique Bernard, a été la victime d’une folie meurtrière à Arras.
Dernièrement encore, nous nous réunissions devant la mairie pour témoigner notre refus de l’intimidation et de la violence directe envers certains élus de notre République. Ces moments restent des élans collectifs forts en symboles et en significations. Une forme de résistance et de refus de la résignation. Une manière de « se tenir debout », malgré tout.
Depuis une dizaine de jours, l’accumulation des atrocités perturbe grandement notre équilibre émotionnel.
Les actes de guerre et de terrorisme du Hamas déclenchent une riposte impitoyable d’Israël. D’un côté comme de l’autre, ce sont les populations civiles qui paient un très lourd tribu. Avec un risque d’emballement de cette région du monde, et une répercussion générale sur les pays européens. Le risque d’attentats s’amplifie dans nos démocraties. La Suède est visée sur le territoire belge. Et le conflit de l’invasion Russe en Ukraine passe dramatiquement au second plan…
En cette période d’octobre où l’on déploie dans nos communes des installations éphémères pour sensibiliser au dépistage du cancer, et tenter d’éviter ainsi des décès prématurés, des organisations, des individus, n’ont d’autres priorités que de supprimer des vies, au nom d’un idéal fanatique…
La naïveté n’a pas de place dans ces combats pour la défense de nos libertés et de nos modes de vie. Mais nous savons aussi que face à la barbarie organisée ou isolée, nos modes de résistance sont limités. On nous dit « fermeté », oui c’est une nécessité, mais cela ne suffit pas. Le cadre légal indiscutable génère retenue et nuances. Le rempart n’est pas l’autoritarisme forcené. L’Histoire nous a appris où cela mène…
Seule une union nationale, dénuée de calculs politiques, pourrait permettre une approche de remèdes. Cela prendra du temps, et d’autres tragédies inciteront aux « solutions d’urgence », nous éloignant chaque fois du consensus national.
Alors, parce qu’il faut bien continuer à espérer, tentons tous ensemble de faire bloc et d’affirmer notre volonté commune de préserver ce qui nous lie, dans un esprit de tolérance et de partage. Des actions symboliques peuvent permettre cette communion d’esprit. Par exemple, les cloches du temple d’ Allenjoie ont sonné à pleine volée ce jeudi 19 octobre à 10 h, horaire des obsèques de Dominique Bernard… Simplement pour acter notre respect et nos hommages à cet homme, fauché dans la cour d’un collège, dans sa fonction d’éclaireur de notre jeunesse, par un fanatisme obscur et ravageur.
Je ne crois pas au « plus jamais ça », mais nous devons toujours nous souvenir de ces drames pour identifier les vrais ennemis qui menacent notre mode de société et cherchent, par la peur, à nous diviser et nous faire tomber.
Debout et ensemble, toujours, malgré nos légitimes différences, dans la défense de nos valeurs humanistes communes.
ALLENJOIE, le 19 octobre 2023
Jean FRIED, maire d’ALLENJOIE