Ce 8 mai 2025 célébrait le 80ième anniversaire de la victoire du Monde Libre sur l’oppresseur Nazi. Dans la période actuelle qui présente tant d’incertitudes et de dangers, avec des conflits en Europe et au Moyen Orient qui divisent nos sociétés et font peser des risques de fractures et d’affrontements dans notre société, il était plus que jamais indispensable de se souvenir et d’accorder notre profond respect aux victimes (militaires et civiles) de cette seconde guerre mondiale.
Devant le monument aux morts pavoisé*, malgré le chantier qui entoure notre temple**, se sont réunis membres des Anciens Combattants et Soldats de France, écoliers guidés par leur directrice Gaëlle Wurtz, élus et administrés. Le président Scagnetti dirigeait le protocole. Les porte-drapeaux étaient accompagnés du Capitaine Zurbach et de la Caporale Moltenis, que nous remercions une nouvelle fois pour avoir honoré cette cérémonie de leur présence.
Pour prolonger les contacts et remercier les participants, un moment convivial proposé par la Municipalité parachevait cet événement mémoriel.
*le monument aux morts fait l’objet d’attention, en liaison avec la restauration du temple. Son « repositionnement » est à l’étude, pour une mise en valeur légitime.
**merci aux entreprises, notamment Art de Pierres, d’avoir ménagé cet espace pour permettre la cérémonie.
Discours 8 mai 2025
Commémoration armistice 8 mai 1945 – Guerre 1939/1945
Mesdames, Messieurs, chers amis, chers enfants,
A nouveau réunis devant ce monument, pour commémorer le 80ième anniversaire de l’armistice de la seconde guerre mondiale, nous partageons le respect des victimes civiles et militaires d’un conflit qui reste dans les mémoires comme une abomination.
Le nombres de vies effacées et de familles brisées, l’implication de très nombreuses nations, le partage de notre continent européen en zones d’influences, mais surtout, surtout, le mécanisme implacable nazi et sa quête diabolique d’une race supérieure, employant avec méthode des moyens de déportation et d’extermination jamais encore imaginés…toutes ces atrocités, connues de tous à présent, auraient dû constituer un repoussoir absolu et auraient dû inspirer l’élévation de nos sociétés.
Quatre-vingts ans plus tard, le constat est tout autre.
Jamais, depuis le 8 mai 1945, nous n’avons été à ce point fragilisés, tétanisés devant un monde qui s’enflamme et dont on peut redouter qu’il explose.
Comme moi, sans doute, vous avez tressailli à l’éventualité catastrophique, mais pourtant exprimée, d’une « troisième guerre mondiale »… Les armes destructrices dont se sont dotés les uns et les autres ont la capacité d’un anéantissement réciproque. Cette notion pouvait garantir ce que l’on nommait la dissuasion. Malheureusement, cette dissuasion ne tient que par la raison. Cette raison, justement, qui fait en ce moment cruellement défaut dans l’esprit de quelques dirigeants influents de notre planète.
Sans raison, le pire est possible.
Il faut absolument s’imprégner de cette exigence de raison. Elle s’appuie sur la nécessité du doute et fait appel à la connaissance et au discernement. Mais qui prend encore la peine de s’informer aujourd’hui, à l’heure des chaînes d’information continue et de l’Intelligence Artificielle ? Un flot permanent submerge les consciences, sans nuances, sans mesure.
C’est alors que surviennent, très insidieusement, mais tellement aisément, les notions de radicalité et d’extrémisme. Les positionnements binaires s’imposent, et l’on nous somme de prendre parti. Antisémitisme, islamophobie sont les termes qui accompagnent les discours politiques, rejetant les responsabilités toujours sur « les autres ». Les manipulations d’opinions sont monnaie courante, bien alimentées par les réseaux que l’on voulait « sociaux »…
Le respect et la reconnaissance que nous témoignons aujourd’hui en ce lieu pour nos aînés ayant donné leur vie au nom de la liberté et de l’indépendance doivent nous inspirer prudence et raisonnement, pour conserver notre totale capacité d’analyse, de compréhension et de décision. C’est un combat personnel, qui alimente l’écoute, le partage et l’engagement collectif.
Fuyons par principe les bonimenteurs qui proposent des solutions toutes faites, qui utilisent le syndrome du « bouc émissaire », tellement facile mais si dangereux, l’Histoire nous l’a montré.
Comme ce lieu qui nous accueille aujourd’hui, notre monde est « en chantier ». Comme ce temple qui, peu à peu, retrouvera sa superbe et son assurance protectrice, nos sociétés peuvent évoluer vers un avenir radieux, comme certains le promettaient il n’y a pas si longtemps.
Cela est une affaire d’hommes et de femmes qui s’engagent, qui imaginent, qui parviennent à convaincre plutôt qu’à contraindre et qui démontrent que rien n’est écrit et que l’avenir est dans nos mains, et dans les mains plus petites de nos enfants.
Pour nous y aider :
L’éducation, la transmission de connaissances, la culture ou plutôt « les cultures », si importantes pour apprendre et apprécier les différences, les valeurs sportives originelles, symboles de dépassement de soi, tellement éloignées des comportements haineux de pseudo supporters, l’ouverture aux autres, tellement plus riche et valorisante que le repli individuel, la tolérance, qui ne peut se concevoir sans réciprocité, la confiance, qui se construit marche après marche, comme le premier escalier que l’on gravit enfant, la solidarité, qui tend la main aux plus démunis pour garantir leur place entière et respectueuse dans notre société, l’imagination et l’audace, pour tenter, toujours de changer l’ordre établi, pour évoluer et inventer demain.
Je garde cette confiance en la raison et l’engagement collectif orienté vers le bien être de toutes et tous.
C’est le sens profond de mon engagement public.
C’est aussi, tout simplement, ce qui constitue pour moi le statut de citoyen.
Aujourd’hui, ici en ce lieu de mémoire, tous différents, nous portons le même espoir que les victimes du passé inspirent apaisement et sagesse à notre monde tourmenté.
Mesdames, Messieurs, chers amis, chers enfants, merci de votre attention.
JF, le 06 mai 2025